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Où est l'erreur...? |
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Mise en contexte
La croyance traditionnelle concernant les origines de Catherine Pillard veut qu’elle naisse en France à La Rochelle, émigre au Québec vers 1663 comme Fille du Roi, pour épouser, par la suite, Pierre Charron. Douze enfants naîtront du mariage de Pierre et Catherine. Les auteurs de cet article comptent parmi les descendants de ce couple.
Sur le plan historique, rien ne permet de douter de cette croyance. L’acte du baptême de Catherine, fille de Pierre Pillard et de Marguerite (…), se trouve à la Chapelle Sainte-Marguerite de la paroisse Notre-Dame-de-Cougnes de La Rochelle en date du 30 mars 1646.70 La lecture de cette acte est difficile et le nom de la mère a été omis. Selon le Fichier Origine et le Programme de recherches en démographie historique,71 le nom de la mère serait probablement Marguerite Moulinet.
Jusqu’à maintenant, les chercheurs n’avaient jamais considéré Catherine Pillard comme candidate potentielle pour leurs études sur l’ADN des Amérindiens et ce, en dépit de leur expérience collective en généalogie et en histoire autochtone. Au courant de la croyance traditionnelle et de l’existence de l’acte de baptême de Catherine, conscients que des noms de femmes apparaissaient sur les listes de passagers de navires à l’époque de son arrivée, ils n’avaient trouvé aucune raison de s’attarder sur son nom. Seuls certains indices auraient pu sonner l’alarme: son âge à l’arrivée calculée à partir des données de recensements, le lapse de temps écoulé entre son arrivée et son mariage avec Pierre Charron72, et les nombreuses graphies de son patronyme souvent phonétiquement différentes les unes des autres.
Cependant, des résultats de tests d’ADN récents entraînent forcément à un sérieux examen des affirmations antérieures. Ces résultats proposent, avec insistance, une origine maternelle dans les Amériques, spécifiquement au Québec et réfutent vraisemblablement une origine européenne.
Ce virage surprend. Mais les progrès des tests d’ADN, maintenant accessibles au commun des mortels et un étrange concours de circonstances ont amené les auteurs à rassembler des témoignages, des faits généalogiques et génétiques pour en tirer les conclusions qui s’imposaient sur l’origine probable de Catherine Pillard.
Début de l’investigation
Les chercheurs impliqués dans cette enquête sont tous des participants au projet d’ADN Amerindian Ancestry Out of Mi'kma'ki. Ce projet rassemble les résultats d’ADN de candidats susceptibles d’avoir une ascendance Indienne Mi’kmaq, particulièrement parmi la tribu historique des Bras d'Or du Cap Breton.
Une de leur principale méthode de recherches consiste à cibler des candidats potentiels pour ensuite coordonner et financer les tests d’ADN quand une enquête généalogique confirme un candidat. Une autre méthode de recherche est de parcourir les publications autorisées des rapports de laboratoires d’analyses de l’ADN afin de poursuivre toute piste révélatrice d’une ascendance potentiellement amérindienne.
En parcourant des résultats affichés par le Projet ADN d’Héritage français, un des participants est tombé par hasard sur un résultat d’analyse de l’ADN mitochondrial – ADNmt (mtDNA), haplogroupe A, région hypervariable 1 – HV1 (HVR1), pour une personne nommée Nicole Boutin. Elle avait annoté le rapport de son ascendance matrilinéaire remontant à Catherine Pillard, Fille du Roi, immigrée de France.
Ce résultat se révélait des plus intéressant, l’haplogroupe A étant associé à une origine amérindienne, asiatique ou sibérienne. Ce rapport fut donc affiché sur le forum de discussion du Projet d’ADN Amerindian Ancestry Out of Mi'kma'ki. Une discussion s’ensuivit sur la validité de la généalogie de Nicole. Certains chaînons s’avéraient difficiles à confirmer mais la lignée généalogique paraissait cohérente.
Après avoir examiné la généalogie de Nicole, plus d’un questionnait la validité des faits présentés surtout que les résultats scientifiques se montraient nettement en désaccord avec les dites origines franco-européennes de l’ancêtre Catherine Pillard. On s’attendait intuitivement à retrouver la présence de l’haplogroupe H ou d’autres haplogroupes d’ADNmt communs chez les Européens. La sagesse conventionnelle portait donc à conclure que le résultat d’haplogroupe A provenait d’une erreur dans la généalogie. C’est alors que Ray Lussier choisit de poursuivre l’investigation pour vider la question, une fois pour toutes.
Comme il s’agissait d’une origine provenant du Québec hors du territoire visé par le projet Amerindian Ancestry Out of Mi'kma'ki et de l’expertise de la majorité des participants, Ray Lussier et Tom King-McMahon décidèrent de travailler ensemble, de façon autonome, afin de savoir si la généalogie de Nicole Boutin menait véritablement à Catherine Pillard.
Tous deux se rendaient évidemment compte de la taille du défi à trouver une preuve crédible puis surmonter le scepticisme inévitable si la généalogie s’avérait correcte.
Cadre de l’investigation
Les premières découvertes pourraient mener à des hypothèses invraisemblables. Les documents sont-ils erronés? Catherine ou une de ses ancêtres avait-elle été amenée en France? Ray et Tom centrèrent l’enquête sur des faits scientifiques et généalogiques afin de compiler assez de données pour formuler une preuve convaincante ou démontrer l’erreur. Qui était l’ancêtre maternel le plus éloigné de Nicole Boutin, si ce n’était pas Catherine Pillard ?
Méthodologie
Après un premier examen, par Ray Lussier, de la généalogie de Nicole Boutin, Tom McMahon entra en contact avec Nicole et avec l’American-Canadian Genealogical Society. Cette société entreprit alors une évaluation indépendante de la lignée matrilinéaire de Nicole. Cette dernière consentit à participer à l’étude et à se soumettre à un nouveau test de son ADNmt pour obtenir les résultats HV2 . Les tests additionnels furent subventionnés par le projet Amerindian Ancestry Out of Mi'kma'ki. Les responsables de ce projet continuèrent de fournir leur soutien moral aux chercheurs qui leurs en sont reconnaissants.
La recherche de candidats continua de plus belle. Par un concours de circonstances incroyables, deux autres candidats avec des résultats d’ADN HV1 identiques à ceux de Nicole Boutin émergèrent de la recherche. Par pure coïncidence, les résultats HV2 de ces deux candidats, John Croteau et Sandra McGrath, étaient identiques.
Croteau et McGrath avaient chacun monté une généalogie plutôt rudimentaire. Ray Lussier jeta d’abord un coup d’oeil à la généalogie de Sandra McGrath mais fut incapable de la compléter. À cause du profil démographique des descendants de Catherine, Sandra pourrait fort bien se réclamer descendante de cette dernière. La recherche de sa lignée se continue depuis. L’équipe eut plus de chance avec John Croteau qui participa activement à une recherche fructueuse remontant sa lignée matrilinéaire à Catherine Pillard.
À cette étape de l’investigation, Ray Lussier demanda à Johan Robitaille, une amie de longue date, de se joindre à l’équipe. Elle se chargea de diriger et de coordonner la recherche des documents originaux québécois nécessaires pour faire la preuve des deux généalogies aboutissant à Catherine Pillard. Elle participa aussi à la lecture de toutes les publications scientifiques pertinentes.
Johan et Tom passèrent plusieurs mois à éplucher ces publications et à partager leurs trouvailles pour étoffer leurs preuves. Tom se chargea de la compilation des données sur l’ADN.
Évidence selon les tests d’ADN
L’ADNmt de Nicole Boutin, John Croteau et Sandra McGrath est catalogué sous l’haplogroupe A. Les lignées matrilinéaires de deux de ces personnes convergent vers une ancêtre maternelle commune, Catherine Pillard, par ses deux filles nées à vingt ans d’intervalle. L’équipe entreprit alors d’en apprendre davantage sur l’origine des mutations distinctes de l’haplogroupe A.
Voici le résultat commun des tests d’ADNmt
Haplogroupe A:
HV 1: 16223T, 16227C, 16290T,
16311C, 16319A, 16519C
HV 2:
73G, 235G, 263G, 315.1C, 522-, 523- et 544T.
Haplogroupes européens
Environ 99 % des analyses d’ADNmt d’Européens affichent un résultat parmi les haplogroupes suivants : H, I, J, K, M, T, U, V, W ou X. Le type H est le plus répandu, comprenant près de la moitié des Européens.2, 58, 42 Il faut ajouter que lors d’un exposé en 2004, on ne rapporte aucun haplogroupe A parmi les volontaires français, non apparentés maternellement, qui ont participé à des tests de leur ADNmt.17
Haplogroupe A et son origine
À ce jour, une recherche bibliographique démontre que l’haplogroupe A apparaît en Asie, probablement dans les plaines de l’Asie centrale, environ 60 000 ans avant notre ère alors qu’il se sépare du superhaplogroupe N ancestral. Se déplaçant vers l’Est au cours des millénaires, des groupes d’hominidés vont implanter leur signature génétique haplogroupe A – ainsi nommé par les généticiens – et le répandre dans plusieurs régions de l’Est de l’Asie. On le retrouve partout en Asie moderne et en forte concentration dans le nord-est de la Sibérie.3
Découvert d’abord parmi les populations aborigènes de l’Amérique, l’haplogroupe A a joué un rôle important en permettant aux généticiens d’employer les mutations de l’ADNmt comme horloge de l’évolution pour dater les migrations préhistoriques.
La majorité des publications scientifiques déclarent que plus de 90 % de l’ADNmt amérindien appartient à un des cinq haplogroupes d’ADNmt fondateurs catalogués A, B, C, D, et X.
L’haplogroupe X, un groupe fondateur secondaire chez les Amérindiens, est aussi présent en Europe mais en faible pourcentage.7, 14
Les migrations et les origines des Amérindiens
Tous les scientifiques s’accordent au sujet des migrations et de l’origine des Amérindiens : les populations fondatrices sont passées d’Asie en Amérique par le pont continental nommé la Béringie (détroit de Béring). Mais les quand et comment de même que la possibilité d’apport génétique venant d’autres populations génèrent des désaccords perpétuels entre chercheurs. De nouvelles découvertes contribuent à la contestation des théories généralement admises, tout spécialement la chronologie des migrations. Le présent article ne pourrait faire justice à cette recherche importante et dépasserait largement, par son envergure, notre propos.
Les mutations ADNmt sibériennes et amérindiennes
Comme on débat amplement sur la chronologie et le nombre des migrations des populations vers le Nouveau Monde, les scientifiques ont étudié la source ou l’origine des migrations. Une étude des corrélations entre les séquences d’ADNmt asiatiques, sibériennes et amérindiennes a servi à ouvrir de nouvelles perspectives sur l’origine de ces migrations.
Plus de 400 autochtones de la Sibérie du Nord et de l’Extrême-Orient russe se prêtèrent aux premières études de leur ADNmt.59 Les seuls haplogroupes amérindiens trouvés dans ces populations furent ceux catalogués A, C, et D. L’haplogroupe A représentait 15,3 % des résultats, tandis que, parmi les Chukchi de la péninsule Chokotka au nord-est de la Sibérie près de l’Alaska, le pourcentage grimpa à 68 %. La distribution des haplogroupes décelés dans la population des Chukchi ressemble de très près à celle des Amérindiens.68 Cependant des études ultérieures finirent par trouver des haplogroupes B et X en Sibérie.
Un résultat important de cette étude révéla que l’ADNmt sibérien haplogroupe A
présentait toujours les mutations caractéristiques 16290T et 16319A. On retrouve
ces mêmes mutations dans l’haplogroupe A de nos candidats Boutin, Croteau et
McGrath. D’autres études sur des séquences d’ADNmt en Asie fournirent une
multitude de renseignements sur l’évolution de l’haplogroupe A. Par exemple,
durant la très longue transition du super haplogroupe N à l’haplogroupe A, il y
a environ 50 000 à 60 000 années passées, les mutations suivantes apparurent:
HV
1 :
16290T, 16319A
HV 2 :
73G, 235G, 522-, 523- (variable).59, 60
De plus, une
évolution ultérieure de l’haplogroupe A chez les premiers arrivants en Amérique
eut pour résultat de produire les mutations suivantes aussi présentes dans la
majorité des séquences de l’haplogroupe A amérindien :
HV
1 : 16111T (discutable), 16362C
HV 2 :
64T, 146C, 153G
Il s’ensuit
que les régions hypervariables de l’ADNmt, haplogroupe A, chez les Amérindiens
montrent généralement plusieurs des transitions suivantes :
HV
1 : +/-16111T, 16223T, 16290T, 16319A,
16362C
HV 2 :
64T, 73G, 146C, 153G, 235G, 522-, 523-.
9, 39, 45, 26, 41, 59, 60
Les résultats
d’analyses ADNmt, haplogroupe A, de nos trois candidats, s’avèrent donc
inhabituels pour une ascendance amérindienne. Bien que les analyses comprennent
tous les marqueurs de base, ils y manquent toutes les mutations caractéristiques
des Amérindiens :
HV 1 :
16111T (contestable), 16362C
HV 2 :
64T, 146C, 153G
Ce qui nous porte à croire que l’origine matrilinéaire de Catherine Pillard est sibérienne.
Consultation auprès des généticiens
L’équipe consulta donc des experts en la matière au sujet de l’origine de cet haplotype ADNmt particulier et de ses mutations. Les trois échantillons provenaient d’individus d’origine québécoise démontrant des résultats identiques d’analyse ADNmt, haplogroupe A. Étant donné les populations amérindiennes vivant au Québec et vu la fréquence élevée de l’haplogroupe A dans les régions nord-est de l’Amérique du Nord, le résultat ne surprit pas les experts.
L’équipe les informa alors des deux lignées matrilinéaires provenant des candidats dont les lignées respectives remontaient à une ancêtre maternelle commune que l’on croyait née en France et immigrée au Canada vers 1650. Les seules origines géographiques que l’équipe pouvait suggérer pour expliquer les résultats des échantillons restaient la Sibérie ou les Amériques. Une origine de France devient alors contestable. Toutefois, une origine canadienne soulève une question : comment expliquer dans la population amérindienne du Canada la présence d’une séquence pré-amérindienne ou sibérienne.
Les experts répondirent :
1. Donald Yates (www.dnaconsultants.com)
Mardi 10
avril 2007
« Hg A est
typique des Indiens Algonquiens, qui vinrent de Sibérie à l’origine, de sorte
que je crois que vous avez tiré la bonne conclusion. » Donald Yates
Mardi 15 mai
2007
« Je suppose
que c’est simplement un type A non encore rapporté. Moins d’un dixième des
haplotypes autochtones ont été saisi dans des bases de données. » Donald Yates
2. Doug Wallace, Ph. D., Center for Molecular and Mitochondrial Medecine and Genetics, University of California, Irvine, CA
Jeudi 12 avril 2007 « Cette séquence est compatible avec
une variation très peu fréquente d’haplogroupe sibérien A. Il est très
invraisemblable qu’elle soit d’origine française. » Doug Wallace 1.
Mercredi 2 mai 2007
« Intéressant! Serait-ce un A1 par opposition à un A2? Forster et collègues ont spéculé dans leur papier de 1996 que les deux types A1 et A2 sont arrivés avec des fondateurs (amérindiens) venus de Sibérie et probablement en même temps. Il y a un papier plus récent sur une analyse d’ADN mitochondrial complète publiée par le Prof. Bandelt, qui étudie cette question en détail. Il vous serait utile de lire attentivement Bandelt HJ, et al. Identification of Native American founder mtDNAs through the analysis of complete mtDNA sequences: some caveats. Ann Hum Genet. 2003 Nov. 67 (Pt 6): 512-24. » Your Roots for Real Team
Haplotype amérindien A1 par opposition à A2
Un exposé en date de 1995 rapporte qu’à peu près 51 % des Mohawks et près de 23 % des Ojibwés ont des résultats haplotype A1 manquant la mutation 16111T spécifique à l’haplotype A2. Les échantillons de Boutin, Croteau, et McGrath révélait aussi l’absence de la mutation 16111T. Ils appartiennent donc au sous-groupe A1. Dans cette étude, 0 % des Caucasiens canadiens français et 0 % des Caucasiens des États-Unis ont exhibé des résultats haplogroupe A.37
Un autre exposé datant de 2003 affirme que 48 % des échantillons d’ADNmt soumis par des Amérindiens des États-Unis ont révélé un haplogroupe A. La plus grande fréquence de l’haplogroupe A fut trouvée parmi les Algonquiens, les Sioux et les Mohawks. Le même article rapporte aussi que l’haplotype A1 est présent chez les Amérindiens du nord-est de l’Amérique du Nord, mais il n’a pas été trouvé dans le sud-est.11
Comme l’haplotype A1 existe parmi les populations amérindiennes du nord-est, l’équipe s'est proposée d'étudier certaines mutations précises dans les régions hypervariables de l’ADNmt de Boutin, Croteau, et McGrath – appelé ADNmt de référence –. L’étude de plusieurs publications n’a pas permis de retracer les mêmes mutations de HV1 et HV2 de l’haplogroupe A de l’ADNmt de référence. Mais la découverte de résultats se rapprochant tout près de la référence concentra la recherche sur les mutations plus rares du HV1, 16227C et 16311C. Ce qui permit d’identifier géographiquement la population à l’origine de ces mutations.
L’ADNmt de référence
Le premier résultat qui s’appareillait à peu de chose près fut trouvé dans la population Avam Nganasan. L’haplogroupe A se voulant omniprésent dans les populations de la Mongolie et de la Sibérie, se retrouve particulièrement dans le nord-est de la Sibérie. Il s’avère que les peuplades Nganasans sont une composante des peuples autochtones de la Sibérie. Ils habitent à l’extrême nord des peuples Samoyèdes, concentrés au centre du nord-est de la Sibérie. Jusqu’au milieu des années 1970, ce groupe ethnique était essentiellement un isolat anthropologique, vivant à l’écart du reste du monde. Durant la majeure partie de leur histoire, ils seront chasseurs, pêcheurs, et gardiens de troupeaux de rennes. Ils pratiquent le chamanisme.20, 69 Au cours des recherches génétiques sur ces peuplades, en plus des mutations de Boutin, Croteau, et McGrath présentes aussi chez les Nganasans, deux autres mutations, 16230 et 16256 seront découvertes. Cependant la mutation 16519C n’a pas été analysée, n’ayant aucun impact sur les études ethniques.
En 2005, des chercheurs en quête des ancêtres des haplogroupes de l’ADNmt amérindiens procèdent à l’analyse de l’ADNmt de 531 individus issus de neuf populations autochtones de la Sibérie. L’analyse des données par ces chercheurs et par d’autres intéressés engendre des ensembles de données similaires éveillant l’attention sur les populations arctiques et subarctiques sibériennes. Ses populations comprennent les Mansi, les Ket de la basse Yenisei, les Nganasan, les Chukchi – principalement haplotype A2 – les Eskimos sibériens, les Itelmen, et les Koriak de la péninsule Kamchatka. Les données englobant tous les groupes linguistiques des populations sibériennes autochtones affichent la double signature génétique sibérienne des Amérindiens, A1 et A2.52, 16, 51, 47
Une autre étude comparative mit en lumière d’autres résultats qui s’appareillaient à peu de chose près aux mutations de l’ADNmt de référence parmi les populations Mansi, Nogays, et Bashkir. On a déjà mentionné que l’ADNmt de ces populations portait des mutations semblables à celui des populations amérindiennes. Peuple en voie de disparition, les Mansi habitent dans le district Khantia-Mansia de la région Tyumen Oblast en Russie. En se référant à l’exposé de 2005, on apprend que les séquences complètes de l’haplotype A trouvé chez les Mansi et les Ket de la Basse Yenisei appartiennent au sous-groupe A1. Donc, l’haplotype A1 de l’ADNmt trouvé occasionnellement dans ce qui reste des populations de chasseurs-cueilleurs du nord-ouest et du nord de la Sibérie appartient au fonds génétique commun des Sibériens progéniteurs des Paléoindiens.52
Des études publiées en 2002 et 2004 par Bermisheva MA et al, font rapport de variantes similaires d’haplotypes A comportant ces mutations trouvées parmi les peuples Chuvash, Nogays et Mari dans la région des monts Oural. Ces articles citent Wallace D et al en 1999. Wallace y affirme que la présence de l’haplogroupe A n’a pas encore été rapportée en dehors de l’Amérique, ou du nord et de l’est de l’Asie.10, 52, 64
Conclusions
En s’appuyant sur la généalogie de nos trois candidats et les études génétiques sérieuses présentées comme preuve dans ce texte, que peut-on raisonnablement déduire de la lignée matrilinéaire de Catherine Pillard.
Les lignées matrilinéaires attestées probantes provenant de deux des trois candidats lesquels ont soumis des échantillons pour l’analyse de leur ADNmt convergent vers le personnage historique de Catherine Pillard, celle qui a vécu, s’est mariée et a élevé sa nombreuse famille en Nouvelle-France au cours des années 1660. En dépit de l’existence d’actes historiques documentant l’origine de Catherine en France, les témoignages d’experts en sciences génétiques cités dans cet article prouvent que la mère de Catherine ne peut pas être d’origine européenne. Les résultats d’ADNmt contiennent une séquence d’un haplotype sibérien rare s’apparentant à l’ADNmt des Algonquiens et d’autres autochtones du nord-est de l’Amérique du Nord.
Les experts qui ont répondu à nos demandes s’accordent pour affirmer qu’un ADNmt sibérien ou algonquien de ce type ne peut pas provenir de la France de cette époque, à moins que le sujet ou sa mère ait été amené en France à partir du Nouveau Monde.
Les contacts avec la Sibérie commençaient à peine à l’époque de la naissance de Catherine. Croire qu’une lignée isolée comportant les mutations très distinctes d’un ADNmt haplotype A1 ait pu surgir dans l’ouest de la France pour ensuite se propager aux Amériques porte à une conclusion des plus irrationnelle. Même si l’ADNmt indique une lointaine ancêtre maternelle en Sibérie, l’origine la plus probable de la lignée de Catherine Pillard, à une époque plus rapprochée, serait en Amérique pré-européenne.
Sibérie ou Amérique? Peut-on conclure à une migration tardive ou anticipée venant de Sibérie, ou encore à la possibilité d’une double signature génétique A1-A2 dans les origines amérindiennes? Il est aussi possible que le nombre d’échantillons n’ait simplement pas été suffisant pour répondre à ces questions maintenant. Il faudra donc attendre que les scientifiques spécialisés dans ces disciplines poussent leurs recherches encore plus loin.
Catherine Pillard fut-elle amenée en France ou y est-elle née? Franchement, les auteurs ne peuvent le dire avec certitude. Les enfants du couple Pierre Charron Ducharme et Catherine Pillard sont nés au Québec et portent un patronyme français. La seule chose qu’on ose avancer est que Catherine Pillard n’est pas d’origine française.
Des ambiguïtés dans les sources et des contradictions dans les dates des évènements importants de sa vie combinés aux preuves scientifiques permettent de douter sérieusement de cette croyance de longue date et de suggérer qu’elle est d’ascendance autochtone.
Recommandation
Histoire
Les auteurs recommandent d’approfondir la recherche pour identifier les circonstances
historiques qui pourraient avoir mené à l’assimilation silencieuse de Catherine
Pillard dans le tissu de la Nouvelle-France
Généalogie
Les auteurs
recommandent de compléter la lignée matrilinéaire de Sandra McGrath et
d’identifier d’autres candidats pour une étude de leur ADNmt. Il y a espoir de
trouver cette empreinte génétique dans d’autres familles.
ADN
Dans l’intérêt des généalogistes et des généticiens, plus d’individus devraient
non seulement passer les analyses d’ADN, mais surtout y joindre les informations
pertinentes à la lignée analysée que ce soit une lignée matrilinéaire ADNmt ou
une lignée patrilinéaire ADN-Y, de façon à ce que les résultats trouvés puissent
servir à la grande communauté de chercheurs.
Quelques faits connus au sujet de Catherine Pillard | TERMINOLOGIE GÉNÉTIQUE |
L’année du baptême de Catherine Pillard trouvé en France (1646) est différent de la date de naissance calculée à partie de l’âge donné lors de différents recensements et à son second mariage :
L’acte de sépulture en 1717 indique 70 ans, donc née vers 1647. Au début de la colonie, l’âge était souvent estimé selon l’apparence physique de la personne décédée ou encore le résultat d’information de secondes mains qui s’avérait souvent inexact. Tanguay estime sa naissance en 1651 en se fondant sur le recensement de 1681 reconnu comme le plus exact avant 1700. Selon Archange Godbout dans "Émigration rochelaise en Nouvelle-France, page 190, Catherine Pillard, Canadienne, est née en 1651. Un lapsus, peut-être… René Jetté note sa confirmation en mai 1664. Selon l’état civil (Drouin 1184c0227 Notre-Dame de Montréal) la date exacte est le 11 mai 1664, ce qui indique une arrivée en 1663 ou plus tôt puisque le premier bateau en 1664 arrive le 25 mai.
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ADNmt : L’AND mitochondrial est le matériel génétique de la mitochondrie qui génère l’énergie de toute cellule. Les mitochondries du sperme sont normalement perdues quand le sperme délivre son matériel génétique à l’œuf. L’ADNmt est transmis par la mère à tous ses enfants cependant retransmise généralement que par ses filles. Analyse ADNmt : Permet d’identifier les mutations subies par l’ADNmt et d’identifier l’haplogroupe auquel il appartient Haplotype : La signature de l'ADNmt qui dépend des régions hypervariables 1 (HV1) et 2 (HV2) présentes. Haplogroupe : Ensemble d’haplotypes étroitement liés partageant une ou plus d’une mutation en commun; séries d’allèles situés à des sites spécifiques dans un chromosome. HV : Régions hypervariables. Il y en a deux dans l’ADNmt simplement nommées région hypervariable 1 (HV1) et région hypervariable 2 (HV2). Ces régions servent seulement à classifier l’ADNmt. HV1 comprend les paires de bases numérotées de 16001 à 16568, alors que HV2 comprend les paires de bases numérotées de 001 à 574. |
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Les auteurs veulent remercier et exprimer leur reconnaissance à:
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